Les murs de Buenos Aires ne sont pas muets. Après avoir été le terrain d’expression des dissidents pendant la dernière dictature, ils affichent maintenant des slogans politiques, peints furtivement dans la nuit pour ou contre Kirchner, Macri, ou les autres. Difficile de dire à quand remonte, ou encore d’où vient cette tradition de se servir des murs de la ville pour exprimer son opinion (muralisme mexicain égaré ? Tradition du fileteado, cet art de décorer un pas de porte commercial en y dessinant le nom du propriétaires avec des lettres fleuries ?), mais l’omniprésence des fresques et du graffiti est l’un des éléments qui heurtent le plus le visiteur de Buenos Aires.
Le graff est aujourd’hui intégré dans la vie de la cité. Il a ses galeristes, ses filières d’exportation, ses workshops et ses happenings, ses résidences, ses visites guidées, et ses artistes plein de rêves et parfois de désillusion. Les formes qu’il prend sont multiples, protéiformes, temporaires. Les photos qui suivent traduisent cette diversité : prises en intérieur, dans des galeries, chez des particuliers, dans la rue, elles montrent l’intimité de la fabrique du street art à Buenos Aires. Et rend hommage à ses artisans.
Ces photos ont été prises entre avril et décembre 2014, en partie pendant l’hiver australe. Elles ont été publiées sur les pages personnelles des artistes pour la plupart.