En 55 jours, la ville a changé. Les photos des premières semaines sont effrayantes par le vide qu’elle donnent à voir. Les rues offraient alors un calme étrange et apaisant, qui paraît maintenant surnaturel. Un spectacle étonnant que j’ai eu la chance de pouvoir documenter, au moment où la ville ne pouvait plus offrir ni rencontre, ni urbanité, ce pourquoi elle est pourtant conçue. Des jours que je regarde maintenant avec nostalgie, et qui ont pourtant eu leur lot d’expériences saumâtres : les contrôles répétés, l’agressivité des quidams, la suspicion généralisée, sans oublier le triste abandon des sans-abris.
Au fil des jours, les habitants de la métropole parisienne ont apprivoisé cette vie confinée, ce qui m’a laissé plus de place pour réaliser les portraits de cette série. Des portraits masqués, qui semblent amorcer une nouvelle normalité urbaine pour les années à venir. Une forme d’urbanité amoindrie qui renaît dans les veines de la ville.